Prix de la vocation
Anrifina AHMED MOHAMED
Opticienne optométriste
"J’ai écrit ce roman sur Isor, une jeune fille en feu.
Le feu est l’âme née sans corps, l’énergie
vécue dans toute sa splendeur d’or, sans but.
Le feu est cette psalmodie tournée vers un dieu méchant :
Comme se fait-il que je veuille mais que je ne puisse pas ?
La course en rond d’un désir qui tourne dans la
carrière sans jamais faiblir,
L’arc de feu d’un éclair qui n’en finit pas de fuser.
Être le feu vivant c’est se réveiller chaque matin
avec l’âme qui déborde
et ce même problème :
Où ?
Où purger tout cet or ?
L’homme de la flamme vit seul dans l’immensité,
Seul démesurément dans son orgie de lumière,
Seul immensément en ce seul point où tout brille,
au-delà de l’aurore,
Condensé si violent de choses premières.
La lande magnifique et suffocante où tout vous
touche sans hiérarchie où les vents qui vous frôlent
vous saignent.
Il est le réceptacle, électrifié, d’élans qui le débordent.
Isor fut cette Envie et cette Colère. "
"J’essaie de mettre dans ma poésie tout ce qui me touche. C’est un jeu sur la distance : écrire me permet de prendre du recul, de la hauteur, ou au contraire d’être au plus proche des émotions, de les travailler au corps.
J’aime bien comparer la poésie à la cuisine. J’y vois beaucoup de gestes communs : on se prête, conseille, prépare des mots comme des recettes, on fait avec ce qu’on a sous la main, sous la langue, on fait revenir, on goûte, on cherche l’équilibre. On le fait pour soi, pour faire taire le bruit dans son ventre, mais aussi pour partager, faire découvrir, se donner quelque chose.
Parfois, on se coupe, on se brûle. Un poème, c’est vivant, ça germe, ça respire. Ce n’est pas toujours
propre et lisse. C’est aussi ce qui se joue en ce moment, écrire une poésie qui ne soit pas un monde à part mais qui parle du nôtre. Une poésie qui se lit à voix haute, qui prend de la place, qui n’a pas peur de faire du bruit. Merci à la Fondation de la Vocation de me donner cette chance de trouver ma place et mon bruit."